LES PREMIERS MONUMENTS AUX MORTS VENDEENS - 1871
On a tendance à croire que les monuments aux morts à la guerre sont apparus partout en même temps après la fin de la première guerre mondiale. C’est une erreur ; en fait, il en existait bien avant. Il faut bien reconnaître tout de même que la très grande majorité d’entre eux a été édifiée après 1918 puisque durant cette période pratiquement toutes les communes de France ont voulu avoir le leur. Et il en est apparu de tous les genres et de toutes les formes, même si la plupart sont assez stéréotypés.
Si ce concept de monument aux morts est antérieur à 1918, il n’en est pas pour autant très ancien puisqu’il ne date véritablement que de la fin du XIXème siècle.
Auparavant on s’attachait seulement à commémorer les victoires militaires. Au XVIIème siècle, le roy Louis XIV en construisant à Paris l’Hôtel des Invalides, destiné aux blessés et anciens combattants, leur avait dédié la chapelle principale « Saint Louis des soldats ». Mais celle-ci avait très rapidement été consacrée aux victoires militaires puisqu’on la décorait (et on la décore toujours) en y accrochant les drapeaux pris à l’ennemi. Napoléon, lui aussi, avait songé à rendre hommage à ses soldats mais les monuments qu’il avait édifiés commémoraient surtout les victoires militaires. Pour ce faire, il avait remis à la mode les types d’édifices traditionnels de l’empire romain. On trouve ainsi la colonne de la grande armée (place Vendôme à Paris) ou l’arc de triomphe du carrousel aux Tuileries ou encore celui de l’Étoile (en fait terminé par Chalgrin à l’époque du roi Louis-Philippe en 1836). Finalement jusqu’au milieu du XIXème siècle on ne connaît guère que les édifices élevés en hommage aux morts sur les lieux mêmes des combats, tel que le lion de Waterloo ou la chapelle funéraire de Valmy.
L’arc de triomphe du Carrousel apparaît
désormais au second plan sur cette carte postale du jardin des Tuileries (depuis la démolition du palais incendié en 1871).
Tout ceci est devenu totalement évident après la guerre de 1870. Les anciens combattants (que l’on appelait alors des vétérans) éprouvaient le besoin de se retrouver, d’échanger leurs expériences et de se raconter leurs souvenirs. On appelle cela aujourd’hui d’une façon un peu condescendante « la mentalité d’ancien combattant ». Or, il s’agit là d’un problème psychologique que l’on retrouve ailleurs sous d’autres formes, par exemple lors des marches blanches de la population après des meurtres ou des rassemblements cérémoniels après des attentats mais encore dans le suivi psychologique des victimes. Il s’agit d’un processus bien connu pour pouvoir faire plus facilement son deuil. Un monument aux morts de la guerre était donc ainsi le point du rassemblement, le symbole de la guerre, le lieu d’hommages aux morts. Et il était d’autant plus distinct d’un monument dédié à commémorer une victoire militaire que la guerre de 1870 était une défaite encore cuisante.
Sur le plan national une statue installée au jardin des Tuileries à Paris devint tacitement le symbole de ces hommages, bien que ce ne soit pas à proprement parler un monument aux morts. Il s’agissait de la statue allégorique, baptisée « Quand même », œuvre du sculpteur Antonin Mercié (1845-1916), érigée dans le jardin de Tuileries. Elle représentait une femme (La France) essayant de relever un de ses « enfants » mort au combat. Le sculpteur avait ainsi voulu rendre hommage aux soldats qui, malgré la défaite, avaient fait leur devoir jusqu’au bout. Elle figurait d’ailleurs au premier plan à gauche sur la carte postale précédente.
Cérémonie patriotique devant la statue Quand Même.
Cette statue allégorique (esthétiquement discutable) connut immédiatement un immense succès et devint le point de passage incontournable des défilés ou des cérémonies patriotiques qui se rendaient en outre à l’effigie de la ville de Strasbourg, située place de la Concorde. La carte postale ci-dessus représente le célèbre écrivain nationaliste Paul Déroulède (1846-1914) lors d’une envolée lyrique au cours de l’un de ses discours devant la statue, après son retour d’exil en 1905.
Après la guerre de 1870-1871 des monuments aux morts vont donc apparaître sur le sol national, non pas dans chaque commune, mais seulement aux chefs-lieux de certains cantons. Toutefois ceux-ci ne seront pas construits, quelques années après 1870, dans le cadre de l’émotion, pour faciliter le deuil ; mais 30 ans plus tard, vers 1900, au moment où l’esprit patriotique et revanchard sera au paroxysme. Sur le territoire de la Vendée on en compte six véritables : à Fontenay-le-Comte, à Luçon, à Maillezais, à Saint-Hilaire-des-Loges, à La Roche-sur-Yon et à Montaigu. A l’exception de Montaigu et à la limite de La Roche-sur-Yon dont nous reparlerons plus loin, les quatre autres ont un point commun qui saute aux yeux : ils sont tous implantés dans le quart sud-est du département, en dehors du territoire de la Vendée Militaire (zone insurgée lors des Guerres de Vendée), c'est-à-dire dans la Vendée bleue ( ou républicaine). Il s’agit donc là d’une indication sur le fait que la création des monuments aux morts correspondait surtout à la manifestation de sentiments patriotiques qui étaient prioritairement portés par l’idéologie républicaine. Durant cette période les conservateurs et les centristes, divisés par le récent échec de restauration monarchique cherchaient encore à définir leur positionnement.
Le monument aux morts de Fontenay-le-Comte.
Le monument, de FONTENAY-LE-COMTE est incontestablement le plus célèbre du département. Peut être le doit il au fait d’avoir été inauguré par le Président de la République Félix Faure, le 27 avril 1897, lors de son voyage officiel en Vendée ? Installé en un lieu stratégique de la ville, proche de la gare, au carrefour de la rue de la République et du boulevard Hoche, il a assez récemment été déplacé place des Victoires. La guerre de 1870-71 étant une défaite, l’humour de la situation est certainement involontaire ! L’édifice a globalement la forme d’un obélisque surchargé d’une statue, de trophées d’armes et de motifs décoratifs, de guirlandes ou de pots à fleurs. Le projet, initié par maître Normand président de l’association des vétérans, a été conduit ensuite par le Conseil d’Arrondissement de Fontenay-le-Comte, institution qui n’existe plus aujourd’hui. Il est l’œuvre de l’architecte Letrosne, qui a été choisi à la suite d’un concours. Sur la pierre sont gravées les inscriptions suivantes : « A ses enfants, l’arrondissement de Fontenay-le-Comte » et « Aux morts pour le patrie, 1870 1871 ». Il ne porte aucun nom, mais nous savons par ailleurs que 11 fontenaisiens sont morts durant ce conflit. Il s’agit d’un édifice purement laïc puisqu’on n'y voit aucun signe religieux. Le socle nous apparaît ici totalement recouvert de plusieurs couronnes de fleurs artificielles en perles de verre. Ces couronnes, très à la mode à la fin du XIXème siècle, étaient réalisées par les condamnées dans les prisons et ont donné naissance à l’expression célèbre « être payé à enfiler des perles ».
Cérémonie au monument aux morts le 15 Janvier 1905.
Cette carte postale, numérotée 1355, a été réalisée par le célèbre éditeur fontenaisien Armand Robin. Elle illustre la fête anniversaire des combattants du 15 janvier 1905 et plus précisément la cérémonie au monument aux morts. Les officiels, civils et militaires sont installés au pied du monument, et la foule s’est répartie autour du petit square qui l’entourait.
Cérémonie du 29 septembre 1906.
Il s’agit ici d’une photo-carte éditée par Henri Fauger photographe rue de la République à Fontenay. Elle appartient à une série de clichés, réalisés pour la fête des combattants (on préférait dire à l’époque des vétérans) de l’année suivante, c'est-à-dire le 29 septembre 1906. Ce qui signifie d’ailleurs que la fête ne commémorait pas une date précise. Cette photo représente vraisemblablement le vin d’honneur sous les ombrages de la place Viète. On aperçoit, de dos, un groupe d’officiers du 137ème régiment d’infanterie en garnison dans la ville.
Le banquet du 29 septembre 1906.
Cette nouvelle photo-carte appartient à la même série que la précédente. Elle nous montre le banquet organisé à l’occasion de la commémoration du 29 septembre 1906. Celui-ci a ici visiblement lieu dans deux salles d’une école publique qui ont été réunies par le retrait de la cloison amovible de séparation. On distingue d’ailleurs les cartes de géographie sur les murs et le tableau noir décoré de faisceaux de drapeaux tricolores et de ceux des différentes sections de vétérans du secteur. Nous avons ainsi la preuve que bien avant 1918 les cérémonies commémoratives étaient déjà en place, avec leurs différents éléments d’organisation. Après la première guerre mondiale, en 1924, la ville de Fontenay a fait ériger par Henri Bouchard un nouveau monument pour rendre hommage aux 300 morts de la ville. Dominé par une statue, il est situé à l’autre bout de la ville sur la place Viète.
Le monument des combattants de Luçon.
Ce monument, fruit d’une souscription a été installé à LUÇON, devant l’évêché, sur la place Belle-Croix (actuelle place du général Leclerc). Il a été inauguré le14 mai 1899 par Monsieur de Joly préfet de la Vendée. Il est l’œuvre de l’architecte Bordelais, du sculpteur yonnais Victor Fulconis et du tailleur de pierres luçonnais Pierre Bouard. C’est un édifice-statue qui symbolise de manière allégorique la France soutenant un de ses enfants mort. Sur la façade, outre les armoiries de la ville, on distingue l’inscription suivante: « Aux enfants du canton de Luçon, morts pour la Patrie, 1870-1871 ». Sur les côtés sont inscrits les noms des 56 morts du canton classés par commune (14 pour Luçon). Comme celui de Fontenay, c’est un monument purement civil qui ne possède aucun signe religieux. Cette carte postale a été réalisée par Lucien Amiaud photographe à La Roche-sur-Yon. Comme elle porte le numéro 354, cela nous permet de la dater de 1901.
Fête des combattants de Luçon.
Cette carte postale est anonyme, mais son aspect précurseur nous permet de la dater approximativement de 1902. La cérémonie, qui est ici représentée, est donc antérieure de quelques années à celles de Fontenay-le-Comte. Les officiels sont groupés face au monument sur la place Belle-Croix, mais la foule déborde sur la rue du port et sur la place Richelieu en arrière. Il s’agit ici d’un rassemblement devant le monument aux morts identique à celui que nous avons vu précédemment.
Remise de décorations à Luçon.
Cette belle photo est, elle aussi, anonyme. Elle représente une remise de décorations aux vétérans de la guerre de 1870-1871, organisée au début de l’année 1914 juste avant la première guerre mondiale. Les participants sont installés à proximité du monument. On trouve le Maire (en jaquette et haut de forme), un général (avec le bicorne), un autre officier supérieur, un porte drapeau (avec les gants blancs) et les vétérans portant des médailles. Nous voyons ainsi une autre composante qui appartiendra ensuite au protocole des cérémonies organisées aux monuments aux morts après 1918. Après 1918, la ville de Luçon a fait ériger un nouveau monument aux morts près de l’actuelle rue Georges Clemenceau. Dédié aux 248 luçonnais morts pour la France, il a la forme d’un mur mémorial et est l’œuvre du sculpteur Georges Bareau
Ce monument, lui aussi purement laïc, élevé sur la place de l’église à MAILLEZAIS, se présente comme une statue installée sur un socle. Il s’agit d’un soldat en uniforme avec un fusil et qui attend avant de tirer. Sur le socle il est inscrit : « A la mémoire des enfants de Maillezais morts pour la patrie, 1870-1871 », mais on ne trouve aucun nom. Cette carte postale, numérotée 1795 appartient aussi à la collection de l’éditeur fontenaisien Armand Robin.
Monument de Saint Hilaire-des-Loges.
Ce monument n’est pas sans rappeler le précédent à Maillezais. Il est installé à SAINT HILAIRE-DES-LOGES devant la mairie et près des halles. Le soldat est, cette fois-ci, positionné avec un genou à terre, en train de réarmer son fusil. 23 noms sont inscrits sur une plaque de marbre. La carte postale ci-dessus a été réalisée, elle aussi, par le photographe fontenaisien Armand Robin et porte le numéro 1940.
Les deux monuments de Saint Hilaire.
A Saint Hilaire-des-Loges après la première guerre mondiale on a pris l’option inhabituelle de construire un nouveau monument assez semblable à celui de 1870 et de l’installer à proximité immédiate, au lieu de le mettre à l’autre bout de la ville. Ainsi nous sommes parvenus à cette image unique en Vendée et certainement très rare en France de deux monuments aux morts voisins. En effet sur le second monument, le socle est absolument identique et le soldat (en tenue dite bleu horizon) tient son fusil horizontalement.
C’est seulement le 13 septembre 1891 que le conseil municipal de LA ROCHE-SUR-YON a pris la décision de construire un monument aux morts. Il en a tout simplement confié la réalisation à l’architecte yonnais Auguste Boudaud. Cet édifice, peu connu, a la forme d’un obélisque décoré d’une palme, de couronnes mortuaires et des armoiries de la ville. Sur les côtés figurent deux listes comportant 44 noms en tout. Il a été placé, en 1892, dans un endroit discret, éloigné du centre ville, le cimetière communal du Point du Jour. Malgré l’implantation dans ce lieu qui le rendait possible, le choix a visiblement été fait de n’y mettre aucun symbole religieux. Nous ne sommes pas ici dans le sud Vendée comme pour les monuments précédents, mais la municipalité, présidée par le maire Stéphane Guillemé, était connue pour ses sentiments particulièrement républicains. A notre connaissance, cet édifice n’a jamais été représenté en carte postale, ce qui explique sans doute qu’il soit très mal connu
Pour honorer la mémoire de ses 564 morts de 1914 à 1918, la ville a chargé les frères Joël et Jan Martel de lui construire un nouveau monument aux morts en 1922, square Albert Ier.
Le monument de Montaigu.
Cette carte postale, portant le numéro 203, appartient à la collection G.M.D « la Vendée pittoresque » et est l’œuvre de Paul Dugleux photographe à la Roche-sur-Yon. Elle représente le monument aux morts de la guerre de 1870 construit à MONTAIGU par Félix Boutron. Comme nous l’avons déjà dit, il est le seul à être situé dans le haut bocage, au nord-est du département. Comme à La Roche-sur-Yon, il s’agit d’une exception qui confirme la règle. En effet, il a été créé dans une cité dont la municipalité était fermement républicaine, le maire Joseph Gaillard étant d’ailleurs un cousin de Georges Clemenceau. Il est inscrit sur la face arrière « Ce monument a été érigé par la 30ème section des vétérans au moyen d’une souscription cantonnale (sic). Inauguré le 11 7bre 1898 » (11 septembre 1898). Une plaque porte les noms de 57 soldats du canton morts pendant la guerre et de 22 noms de combattants décédés consécutivement. Toutefois, ce monument a une particularité par rapport aux précédents. Il n’est pas totalement laïc puisqu’il est dominé par une croix. Et de ce fait, il est installé dans le cimetière et non pas sur une place publique. Ainsi, quelques années avant la séparation de L’Église et de L’État, la réglementation qui prévaudra est déjà en place. Les monuments aux morts ne pourront porter une croix que s’ils sont situés dans un cimetière.
La statue de Mouilleron-en-Pareds.
Il ne s’agit pas là exceptionnellement d’un monument aux morts créé à l’initiative d’une collectivité territoriale, commune, canton ou arrondissement. Celui-ci a été installé par la paroisse de MOUILLERON-EN-PAREDS. C’est le curé de l’époque l’abbé Defois (nom prédestiné !) qui avait le désir de créer « un monument en l’honneur du Sacré-Cœur de Jésus témoin de la piété populaire et monument aux morts de la guerre de 1870-71 ». Il est donc totalement religieux et représente d’ailleurs une statue du Sacré-Cœur installée au haut d’une colonne de huit mètres de haut. Destiné à célébrer la mémoire des 17 paroissiens morts à la guerre, il a été inauguré et béni le 29 juin 1873. Cette date, suivant de deux ans seulement l’événement, indique que la motivation est bien ici l’émotion et non pas les sentiments patriotiques ou revanchards comme c'était le cas pour tous ceux dont nous venons de parler (construits 25 ans plus tard). Cette statue a été déplacée en 1973 pour créer la zone industrielle et a été réinstallée à proximité du jardin du presbytère, rue Largeteau. La carte postale ci-dessus, numérotée 332, appartient à la collection « La Vendée Illustrée » et a été éditée par Augereau de Cholet, photographe qui s’est particulièrement intéressé à la commune de Mouilleron-en-Pareds.
Inauguration du 2° monument de Mouilleron.
Après le premier conflit mondial, comme ses voisines, la commune de Mouilleron a tenu à avoir son monument pour honorer la mémoire des 79 habitants morts à la guerre. Il a la forme d’un obélisque décoré de la croix de guerre.
Il a été inauguré le 9 octobre 1921 par Georges Clemenceau, privilège que ce dernier n’a accordé en France qu’à sa ville natale. Notons au passage que, couverte par son autorité, la municipalité a pris une liberté avec la réglementation. Bien que situé au centre de la place publique le monument porte une croix sur sa façade ! Cette photo représente la cérémonie d’inauguration.
Intérieur de l’église de Mareuil.
La paroisse de MAREUIL-SUR-LAY a elle aussi tenu à rendre hommage à ses habitants morts durant la guerre de 1870. A l’intérieur de l’église Saint Sauveur on trouve une simple plaque de marbre noir posée dans une sorte de niche sur le mur sud de la nef. On y dénombre 28 noms. Ce mur, à droite de la nef, est malheureusement celui qui est peu visible sur cette carte postale du photographe Guitton. A notre connaissance, il n’en existe pas de spécialement consacrée à cette plaque-mémorial.
Drapeau des anciens combattants 1871.
Seuls quelques cantons disposaient donc d’un monument aux morts, à défaut les sections locales possédaient un drapeau tricolore officiel. Celui que nous apercevons ci-dessus date de 1876 environ et a été commandé aux Établissements J. Gatty à Paris. Il porte les inscriptions suivantes au recto: « Les vétérans des armées de / terre et de mer / 1870-71 / CHANTONNAY / 565e section » et au verso, « Honneur et Patrie / Oublier jamais ». La commune de Chantonnay avait perdu 20 de ses soldats durant cette guerre.
La statue de Notre Dame de la Paix à Saint Laurent.
Durant la guerre franco-prussienne un hôpital temporaire regroupant 700 blessés environ avait été installé dans une partie des établissements scolaires de Saint Michel et de Saint Gabriel à Saint Laurent-sur-Sèvre. Dans cette commune se trouve un monument un peu particulier puisqu’il était initialement prévu pour les 16 morts non vendéens de cet hôpital, auxquels on a rajouté les noms des 9 soldats originaires de Saint Laurent tués durant cette guerre. Il s’agit là d’un édifice plus tardif que les autres, puisqu’il a été réalisé 40 ans après la fin du conflit. Il se présente comme un simple obélisque surmonté d’une croix, œuvre du sculpteur Auguste Guilloteau. Il a été inauguré, dans le cimetière, le 11 décembre 1911 par le général Piolant, propriétaire du château voisin de la Barbinière. A notre connaissance, il n’existe pas de carte postale ancienne représentant cet édifice.
En revanche, la carte postale ci-dessus représente, dans la même commune, la statue de Notre Dame de la Paix. Il ne s’agit pas du tout d’un monument aux morts mais seulement d’un édifice très lié à la guerre de 1870. En effet la légende, présente sur les éditions précédentes du même cliché, et qui a été ici rajoutée à la main, précise que la statue a été inaugurée le 15 août 1870 et que tous les soldats de Saint Laurent qui ont porté sur eux son image sont revenus sains et saufs. De ce fait, ce petit édifice est devenu un lieu de mémoire et de prières même pendant la première guerre mondiale.
Le Monument aux morts du Lycée de La Roche-sur-Yon.
En 1898 les anciens élèves du Lycée d’État sur la place d’armes à La Roche-sur-Yon (actuellement collège Édouard Herriot place Napoléon) ont fait édifier un monument pour rendre hommage à leurs 22 camarades et professeurs morts au cours des guerres de la deuxième moitié du XIXème siècle. On y dénombre ainsi 7 soldats tués au cours des guerres du second Empire, 10 pendant la guerre de 1870 et 5 pour les guerres coloniales de la IIIème République. Ils se sont adressés à l’architecte départemental Auguste Boudaud et au sculpteur Victor Fulconis qui leur ont construit un mur mémorial orné d’une statue. Celui-ci est dédié « A la gloire de nos camarades morts pour la France » et porte une phrase d’Homère gravée en grec : « Mourir pour la Patrie est le sort le plus digne d’envie ». Cette citation, très caractéristique de l'éducation de cette époque, explique pourquoi autant de soldats ont pu faire le sacrifice suprême de leur vie pendant la première guerre mondiale.
Le Calvaire des Herbiers.
Bien qu’il ne s’agisse pas non plus d’un monument aux morts communal, citons pour terminer, l’existence d’un calvaire aux Herbiers très lié à la guerre de 1870 et qui a tenu lieu de monument dans cette paroisse. Cet immense calvaire surmontant une chapelle, a été construit aux Herbiers sur la route de Saumur et terminé en octobre 1875, pour réaliser une promesse du Maire et du Curé. Ceux-ci avaient, en effet, fait le vœu public d’en construire un si leur cité échappait aux destructions de la guerre, à l’occupation ennemie et à la guerre civile.
Cannes le 22 août 2016